Face au Sud global, l’Occident ne doit pas rougir

13 décembre 2023

Le conflit israélo-palestinien vient exacerber le schisme, sorte de « choc des civilisations », qui est en train de se développer entre un Sud global encensé et un Occident vilipendé. Il faut bien sûr tenir compte de ce substitut de tiers-monde qui s’organise à vive allure mais qui ne doit pas nous humilier.

Il n’y a pas de Sud global, car il est divisé par la rivalité entre la Chine et l’Inde ; mais c’est une lame de fond. Les BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud] ont bien peu en commun. Ils sont en désaccord sur la guerre en Ukraine et sur le conflit israélo-palestinien. Et ce Sud global qui se nourrit de l’antiaméricanisme vient de prendre un coup très rude avec la victoire de Javier Milei, ce « trumpiste » qui veut « dollariser » l’Argentine. 

 

Cependant, à la suite du « tiers-monde » conceptualisé par Alfred Sauvy en 1952 – « ce tiers-monde ignoré, exploité, méprisé, comme le tiers état » après la décolonisation –, le Sud global, malgré ses divisions, enserre le globe du Brésil à la Chine. Le tiers-monde était une notion statique, le Sud global est en développement continu et même accéléré ; il est en train de structurer l’ordre international et exige une nouvelle gouvernance.

 

Une mécanique implacable

Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite.
Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente.
Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr.
En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/13/face-au-sud-global-l-occident-ne-doit-pas-rougir_6205532_3232.html

Nos suppliques de repentance ne servent à rien : nous sommes coupables de la révolte, du ressentiment et de la misère d’une partie du monde ; coupables de notre colonisation au goût amer, de notre décolonisation fictive, de la « Françafrique » trop active, du franc CFA essentiel mais humiliant, de notre exploitation excessive des terres et matières premières ; coupables du dérèglement climatique qui va coûter cher au Sud ; de taux d’intérêt obscènes dus à notre inflation ; coupables de l’influence dérisoire de ces pays à l’ONU, à la Banque mondiale et au FMI, au conseil duquel on vient de leur octroyer comme une obole un nouveau siège. Nous ne sommes pas les seuls condamnables, le Sud l’est aussi : la Chine exploite sans scrupule les richesses naturelles de l’Afrique (en République démocratique du Congo notamment), et en Amérique latine, en échange de financements léonins ; elle est responsable de 30 % des émissions de carbone dans le monde.

Les graves effets de la hausse des taux

26 Mars 2023

 

Le banquier Jean-Claude Meyer s’élève, dans une tribune au « Monde », contre l’incohérence périlleuse des annonces des banquiers centraux.

En plus des dangers géopolitiques actuels, menaçants, tragiques, et par définition imprévisibles, les pronostics des économistes et des banquiers centraux nous plongent dans une regrettable incertitude.

En janvier, ils prévoyaient une récession, un refroidissement de l’inflation, et donc une hausse modérée des taux d’intérêt. Mais deux mois après, le scénario s’inverse : le risque de récession s’est évanoui, l’inflation perdure (+ 6 % aux Etats-Unis en février), le marché de l’emploi surchauffe (3,6 % de chômage aux Etats-Unis, un taux jugé trop faible). La hausse des taux décidée par la Réserve fédérale américaine (Fed) le 22 mars était donc d’abord prévue à 0,50 %. Patatras ! à cause de la faillite de la Silicon Valley Bank, et du risque de panique dans les banques régionales américaines, on a imaginé que la FED marque une pause. Finalement, la FED a décidé une hausse de 0,25 %. De quoi nous déconcerter…

L’art est, il est vrai, difficile – inflation, emploi, croissance, taux d’intérêt et stabilité financière forment un réseau de vases communicants infernal. Au dilemme hausse des taux et récession ou croissance avec inflation, s’ajoute aujourd’hui pour les banques centrales cet autre dilemme beaucoup plus risqué : hausse des taux ou stabilité du système financier.

Le consensus du marché anticipait des hausses de taux jusqu’à cet été, puis un plateau jusqu’à la fin de l’année, avant une baisse progressive concomitante à une baisse de l’inflation en 2024. Comme chaque prévision est remise en cause le mois suivant, ce scénario rose d’un soft landing (« atterrissage en douceur ») – une utopie dans l’histoire économique – arrivera-t-il ? Rien n’est moins sûr. D’autant que les économies en guerre sont en général inflationnistes ; que la nouvelle division internationale du travail visant à relocaliser les industries à plus grande proximité des lieux de consommation l’est aussi ; et qu’enfin la transition énergétique sera coûteuse.

Un plan financier d’urgence vitale pour l’Afrique

18 Février 2022

Le banquier Jean-Claude Meyer appelle, dans une tribune au « Monde », à un allègement massif de la dette des pays africains, dont la stabilité économique, déjà mise à mal par la pandémie, va subir le choc de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt.

Le fossé entre les pays développés et les pays en voie de développement et émergents s’est creusé avec la pandémie. Il va certainement s’amplifier, à cause de nos deux « virus » que nous allons exporter chez eux : l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Notre inflation va naturellement réduire le pouvoir d’achat des pays les plus pauvres (en particulier à cause de la hausse des denrées alimentaires) et l’épargne des classes moyennes.

L’inflation est un accélérateur de pauvreté, et l’on sait que, contrairement à ce que les banquiers centraux ont dit pour nous « endormir » ou par manque de lucidité, elle ne sera pas transitoire, mais durable. En même temps, la hausse des taux, déjà amorcée sur les bons du Trésor à 10 ans, va durement frapper ces pays, grevés pour la plupart par leurs déficits budgétaires et le risque de surendettement.
Même si les taux d’intérêt réels resteront faibles, cette hausse, annoncée en mars par la Réserve fédérale américaine et sans doute bientôt par la Banque centrale européenne, rendra plus difficile et plus onéreux leur appel aux marchés internationaux pour se refinancer, boucler leur budget, et financer leurs projets de développement.

 

L’importance de l’inflation

 

Elle accroîtra la volatilité et l’incertitude de leurs flux de capitaux ; le dollar se renforçant, leurs monnaies vont être dévaluées, entraînant de sorties massives de capitaux : déjà 50 milliards de dollars viennent de sortir du Chili, 15 milliards de dollars du Pérou. « En 2022, les pays les plus pauvres devront payer 80 milliards de dollars au titre du service de leur dette. Compte tenu de cette charge, les pays vulnérables auront plus de mal à affecter des ressources à la santé, à l’éducation, à la protection sociale et au climat », s’est inquiété
David Malpass, président de la Banque mondiale, dans son dernier rapport (janvier 2022).
En outre, le « gap d’infrastructures » est estimé à 100 milliards de dollars par an en Afrique ; en Côte d’Ivoire, le plan national de développement 2021-2025 requiert près de 90 milliards d’euros d’investissement, dont deux tiers sont attendus du secteur privé. Depuis mars 2020, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé une aide totale de 170 milliards de dollars à 90 pays, outre des droits de tirage spéciaux (DTS) de 21 milliards.

L’initiative de suspension de la dette (ISSD) lancée par le G20 et le Club de Paris a permis à 48 pays les plus fragiles de suspendre le remboursement de 13 milliards de dollars, mais il a pris fin en décembre 2020. Le Sri Lanka, le Ghana, le Salvador et la Tunisie sont au bord du défaut de paiement ; l’Argentine vient de restructurer avec le FMI sa dette de 44,5 milliards de dollars ; le Tchad, l’Ethiopie et la Zambie sont engagés dans une restructuration de leur dette au sein du cadre commun mis en place par le G20.

Un risque de déflagration


En plus de ces endettements inquiétants, les trajectoires de croissance se sont inversées entre les pays développés et pays en voie de développement et émergents. D’ici 2024, les premiers auront accru leur produit national brut de 0,9 %, tandis que les seconds l’auront vu chuter de 5,5 %. Depuis 2020, au moins 70 millions de personnes sont tombées sous le seuil de pauvreté, vient de révéler Gita Gopinath, directrice générale adjointe du FMI. 

Véritable scandale, seulement 4 % de la population des pays pauvres est vaccinée. La pandémie a fait des ravages en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, particulièrement chez les jeunes, dont l’éducation a pâti des fermetures d’école. Dans les pays pauvres, l’inflation importée et la hausse des taux vont s’ajouter à la hausse de l’endettement et la chute de la croissance.
Prenons garde : une crise financière de ces pays pourrait propager une déflagration sur nos marchés financiers florissants. Il est d’une urgence vitale que le FMI, la Banque mondiale, le G20, le Club de Paris, la Chine et les créanciers privés prolongent la suspension du remboursement de la dette des pays les plus pauvres, notamment en Afrique, apportent de nouvelles sources de financement bonifiées avec la réallocation des DTS des économies développées, et accélèrent le rééchelonnement de leurs dettes.

Une question de survie


Surtout au moment où, dans certains Etats d’Afrique de l’Ouest, le djihadisme s’abreuve de la faiblesse des structures étatiques et de la pauvreté ; et où la pression démographique accrue par la récession et les incertitudes politiques risque d’entraîner d’importantes vagues migratoires. Le plan d’investissement public et privé de 150 milliards d’euros annoncé jeudi 10 février par la Commission européenne dans le cadre du volet Afrique-Europe de l’initiative « global gateway », répond en grande partie à notre cri d’alarme. Espérons que le sommet Europe-Afrique qui se termine à Bruxelles vendredi 18 février confirmera ce plan et contribuera ainsi à apporter, pour l’Afrique en tout cas, des solutions solidaires et concrètes. Il y va de la survie de ces pays. Il y va aussi de notre intérêt

Du ressenti au ressentiment

22 Juillet 2021

Le rapport des deux éminents économistes Jean Tirole et Olivier Blanchard apporte un éclairage pertinent sur certains problèmes de la France: le climat, les retraites et l’éducation; mais sa contribution aux principaux problèmes sociaux de notre pays est trop limitée.
Demander un tel rapport à des économistes était une fausse bonne idée. Le problème actuel de notre société – les gilets jaunes en ont témoigné – est politique. Et la situation est trop grave pour la laisser entre les mains des économistes.

 

C’est une certaine révision du capitalisme néo-libéral qu’il convient de proposer – vers un capitalisme plus acceptable, inclusif. Même si le capitalisme ne peut pas être une oeuvre caritative, il ne doit pas nuire à la cohésion sociale, sous peine d’exploser un jour.
Une réflexion sur le partage entre les profits des entreprises et le niveau des salaires, entre le capital et le travail, est nécessaire ; elle est malheureusement inexistante dans ce rapport comme dans le débat public, et au Parti Socialiste qui brille actuellement par son indigence intellectuelle et dont c’est pourtant la mission.

 

Chacun convient que le sentiment d’inégalité en France est perçu de façon paradoxale alors que les inégalités en France sont parmi les plus faibles en Europe. C’est un problème de ressenti, comme dit la météo.
Pourquoi? D’abord parce que les rémunérations des grands patrons et des grands banquiers sont devenues excessives, alors que jusqu’aux années 1970 elles étaient moins connues et avec des écarts beaucoup plus faibles entre le secteur public et le secteur privé. Surtout depuis dix ans, les salaires sont restés stables (1) alors que le CAC 40 a doublé.

 

Le comble, c’est que cette augmentation a été irriguée par le« quantitative easing », les liquidités (des milliers de milliards de $) apportées aux USA et en Europe par la FED et les banques centrales, entraînant des taux d’intérêt faibles voire négatifs, et une augmentation – une bulle ? – des actifs non monétaires au-delà de leur valeur intrinsèque : immobilier, oeuvres d’art, actions, au détriment des obligations. La majorité souffrait pendant cette pandémie alors qu’une minorité s’est tellement enrichie. Un scenario pour Brecht ! Cet enrichissement sans cause est obscène. Ceux qui n’avaient ni actions ni bien immobilier se retrouvent au bout de cette période avec rien et ils souffrent, grossissant les 10 millions de pauvres en France par des millions de sacrifiés (infirmières, professeurs, ouvriers, agriculteurs, caissières, … ). On comprend que cette armée de gilets jaunes, de la« première ligne», de la classe moyenne, de laissés pour compte, qui votait jadis pour le PC, s’abstienne aujourd’hui, vote Mélenchon ou RN. Les politiques ne peuvent pas laisser fleurir ce capitalisme débridé qui alimente la colère des plus mal-lotis. La pression fiscale est déjà très élevée en France mais plusieurs remèdes devraient être proposés – «quoiqu’il en coûte» :

1) Un revenu universel ! Notamment pour les jeunes; c’est la « monnaie hélicoptère» théorisée par J.S. Mill et pratiquée par Joe Biden.


2) Revoir l’intéressement des salariés et leur donner des actions gratuites de 2% à 15% en fonction de la capitalisation des entreprises. Le Général de Gaulle avec sa loi sur l’intéressement des salariés avait eu l’idée géniale de tenter de réconcilier le capital et le travail. Il faut aller encore plus loin et d’urgence. (l) De 2010 à 2018, le salaire mensuel brut des employés est passé de 1.507€ à 1.622 €, des ouvriers de 1.583 € à 1.610 € (INSEE)

 

3) Créer un ISF exceptionnel sur les actions – seulement applicable en cette année de fin de pandémie à partir d’un certain seuil : 20 millions€? Par souci de solidarité.


4) Créer un super impôt sur les plus-values en cas de revente d’actions dans les cinq ans. La taxation de la plus-value de 30% actuellement pourrait être augmentée sans créer trop de vagues à 40% au moins.

 

5) Les patrons de sociétés dont les profits ont baissé en 2020 ( de moitié pour 3 7 entreprises du CAC 40) devraient réduire leur rémunération en proportion.


6) Augmenter les plus bas salaires dans les secteurs les moins sensibles à la concurrence étrangère ( distribution, hôtellerie, restauration) et dans le secteur public (professeurs, médecins, infirmières) au-delà du Ségur de la Santé et de l’enveloppe de 400 millions pour les enseignants.

Ces quelques remèdes parmi d’autres devraient adoucir les souffrances du «ressenti» actuel en France, – ce pays fragile qui fut si souvent dans le passé révolutionnaire ou révolté et qui est animé de façon schizophrénique par le souvenir de l’Ancien Régime et de la Révolution. Même si la France est en train de se « droitiser » en ce moment – un leurre ? – les Gaulois, jaloux les uns des autres et violents, si nombreux à être malheureux et révoltés, comme l’attestent en partie les records d’abstention aux dernières élections régionales,« expression de la colère populaire» (C. Guilluy) devraient nous inquiéter. Parce que le ressenti mène au ressentiment.

Azoulay, échenozienne de A à Z

23 juin 2016

Avant de filer en calèche, Stéphane Bern est venu chercher ses effets, à la consigne. Il a la mine béate des convives repus après une belle orgie. Quand, tout à coup, son visage se charge de gravité : « Ça, c’est du lourd ! », s’écrie le journaliste royaliste, comme s’il assistait à l’adoubement simultané d’un Tudor et d’un Plantagenêt. Devant ses yeux écarquillés, deux écrivains se serrent la pince, Jean Echenoz et Michel Houellebecq. Leur ­confraternité semble d’autant moins feinte que les témoins de la poignée se comptent sur les doigts d’une main : l’essentiel des invités se goberge encore, dans la salle ovale de la bibliothèque ­Richelieu, d’un trio de desserts glacials – « givré de cerises, croustillant vanille et sorbet griottes », indique froidement le menu.


Il pleuviote sur Paris, en ce lundi de fin juin, et personne ne se sent de regagner ses pénates à pied. « Je suis nul, s’autoflagelle l’auteur de Soumission. Je ne suis pas même capable d’appeler un taxi. » Son ami Jean-Claude Meyer, téléphone à l’oreille, remplit discrètement l’office. « Cet homme est fondamentalement bon, et je suis fondamentalement mauvais », module Houellebecq, en parlant du vice-chairman de Rothschild Europe.


Depuis 2009, la bonté du banquier est entérinée lors d’un banquet printanier, durant lequel il remet, en amphitryon trois étoiles, le Prix de la Bibliothèque nationale de France à un écrivain destanding. La majorité des mangeurs sont des mécènes, leur présence au gala contribuant à l’enrichissement des collections de la BNF, selon la formule « pactole contre nourriture », en vogue chez les Anglo-Saxons.

Jean-Claude Meyer et le grand retour de Rothschild et Cie en Europe

14 septembre 1990

Derrière la plus grosse OPA lancée cette année, celle de Philip Morris sur Jacobs Suchard, on retrouve le nom d’une grande maison fort discrète et celui d’un associé-gérant encore plus discret

FINIES les OPA ? Pas si sûr. Une grande opération de ce type (bien qu’amicale) s’est conclue cette semaine dans l’indifférence presque générale des financiers, trop occupés à suivre les errements boursiers. Philip Morris, numéro un mondial des biens de grande consommation, vient en effet de boucler son OPA sur la multinationale suisse de l’agroalimentaire Jacobs Suchard. Une acquisition de près de 4 milliards de dollars, menée fort discrètement mais sans heurt par Rothschild et Cie, la banque d’affaires de David de Rothschild.

Si, dans la salle du conseil de ce qui est devenu la deuxième banque d’affaires de Paris (derrière l’éternel concurrent Lazard Frères et Cie), on se plaît encore à montrer au visiteur, entre de beaux portraits des fondateurs, quelques lettres manuscrites de clients prestigieux comme Victor Hugo ou Marcel Proust, la société de David de Rothschild est désormais bien installée sur les marchés du futur. Certes, de la maison de la rue Laffitte, il ne reste que quelques gravures au mur des bureaux modernes d’aujourd’hui et la nationalisation de 1982 semble une blessure jamais vraiment cicatrisée, mais la centaine de personnes qui s’activent rue Rabelais ne perdent pas leur temps. Toujours expert en gestion de fortune, Rothschild et Cie est maintenant une des grandes européennes dans le domaine des fusions-acquisitions. En 1990, elle aura réalisé pour environ 7 milliards de dollars de transactions, dont, bien sûr, la belle opération Philip Morris-Jacobs Suchard.

Derrière ce mariage d’argent, comme toujours dans ces cas-là, on trouve un marieur bien dans la lignée des grands banquiers d’affaires traditionnels : Jean-Claude Meyer, cinquante-cinq ans, qui a également cette année conseillé le groupe Pinault pour la vente de Chapelle-Darblay à Kymmene.

L’homme n’a rien d’un golden boy excité. Parlant de lui comme à contrecoeur, on sent dans ses propos la longue habitude des affaires discrètes menées en petit comité entre gens de bonne compagnie. Ce  » sciences-po  » licencié en droit (et en lettres) a commencé sa carrière avec Jérôme Monod à la DATAR, lorsque, au début des années 70 il fallait attirer les capitaux étrangers en France. En 1976, il entra chez Lazard Frères, où il fut en charge des affaires internationales aussi bien en Europe qu’en URSS, aux Etats-Unis et au Brésil. Nommé gérant en 1986, il devait quitter cette maison au début de l’année 1989 pour rejoindre David de Rothschild.  » J’aime les petits commandos « , explique-t-il comme pour justifier le choix qu’il a fait d’entrer dans une banque où il se retrouve parmi cinq associés-gérants seulement (dont David de Rothschild lui-même et Jean-Charles Naouri) et où l’esprit d’équipe semble souffler.